Guide Voyage Cuba Otra vision

Bourlingueurs habituels en Amérique Latine, Cuba nous paraissait comme un pays sans beaucoup d’intérêt comparé aux richesses archéologiques du Mexique ou du Pérou. Mais depuis deux ans ma femme et moi apprenons la salsa à Paris avec  » el Maestro  » et donc Cuba a repris grâce à nos yeux.
Premier essai en 2000 mais le coût du voyage est vraiment très élevé pour un touriste car on n’y va pas pour uniquement danser mais également, comme pour les autres pays, visiter, connaître des gens etc., ce qui implique de se déplacer et ce n’est pas facile avec l’embargo américain qui provoque une pénurie d’essence. Donc location de voiture indispensable. De plus les hôtels sont complets au mois d’août et malheureusement on n’a pas le choix des dates de vacances. Donc réservations d’avance depuis Paris. Et tout ce qui touche au tourisme est payable en dollars au prix fort.
On fait donc quelques économies et nous voilà partis pour quinze jours. Voulant dans un premier contact avoir une vue d’ensemble du pays on prévoit un trajet partant de la Havane pour arriver au mythique Santiago de Cuba.

LA HAVANE
Superbe vieille ville où on a pris goût de se perdre dans les ruelles en découvrant le nez en l’air les maisons coloniales qui restent belles malgré leur manque d’entretien. Les rénovations vont bon train mais il est vaste  » el casco  » ( le centre ville ) et le travail à accomplir en démesure avec les moyens des finances de Cuba. Beaucoup de musique dans la rue. Si ce n’est un orchestre qui joue sur la terrasse d’un restaurant, c’est la musique qui fuse d’une fenêtre ouverte. Les prix pour les touristes sont comparables à ceux de Paris pour manger et se loger.
A visiter une fois puis à éviter, la place de la cathédrale et ses abords remplis de groupes de touristes et de « jineteros » à l’affût pour vous soutirer les dollars, toujours gentiment mais souvent avec beaucoup d’astuce. « La bodeguita del medio » est devenue comme celle de Paris, toujours pleine d’européens donc a voir comme un pèlerinage.
Deux restaurants pas forcément bon marché mais remarquables :
Meson de la Flota : Calle Mercaderes entre Amargura y Tte Rey. Ambiance espagnole, tapas à partir de 1$US
Santo Angel : Calle Tte Rey. Plaza Vieja. Le meilleur daiquiri dégusté à la Havane, très calme et donnant sur une des plus belles places de la Havane.
Trois petits jours pour nous acclimater à la vie cubaine et nous voilà partis vers Trinidad. On traverse une interminable plaine consacrée à l’élevage. Les paysages sont comme les cartes postales mais en technicolor.

TRINIDAD
Petite ville sympa avec presque autant de touristes que de cubains. C’est vite visité mais les plages sont correctes et les collines qui entourent la ville superbes. Le vendredi soir les rues se remplissent de cubains et européens qui vont de bar en restaurant ou « casa de la trova » pour écouter la musique traditionnelle. Peu de gens dansent dans le peu d’espace disponible. Nous assistons à une démonstration de Salsa et de Rueda par des danseurs amateurs d’une école de danse. Les spectateurs se pressent assis sur un escalier en dégustant un mojito. Toujours pas de danseurs autres que ceux de la démo. On se déplace vers les autres endroits où la musique fuse. Partout des gens assis pour écouter. Enfin un endroit où l’on danse. C’est une fête privée.
Très bel artisanat local. N’hésitez pas à acheter ici vos « guayaveras » et autres vêtements faits au crochet. C’est à Trinidad où l’on a trouvé le plus grand choix et le meilleur rapport qualité prix.

CAMAGUYE
Ville étape très animée et pas touristique. On y voit la vraie vie des cubains des villes intérieures.
La route pour atteindre Holguin traverse une plaine consacrée à la culture de la canne à sucre.

HOLGUIN
A voir uniquement pour le Carnaval. La route qui rejoint Baracoa est en mauvais état, parfois c’est de la piste, mais les derniers 50 kilomètres sont de rêve. Une nature préservée, pas de touristes et bâtiments associés. Les gens sont calmes, souriants. Quelques criques de sable blanc comme on se les imagine dans les rêves. BARACOA
Génial, surtout lorsqu’on tombe le 15 août au moment où la ville fête l’anniversaire de sa fondation. C’est la fête dans tous les cafés et dans la rue. La musique est omniprésente partout du disco au « son » et « boléro son ». Et dans les cafés, on danse, donc on a pu se défouler. La ville est sympa malgré les HLM tropicaux construits sur le « Malecon ». Elle est entourée par des collines à la végétation luxuriante. A quelques kilomètres, des plages où il n’y a pratiquement personne. Si on ne veut pas se déplacer, la plage à la sortie de la ville est correcte ( les cubains disent qu’elle est médiocre à cause du sable qui est gris au lieu d’être blanc ). A bout de la plage, un petit village traditionnel superbe « Boca de Miel », et un peu plus loin, l’endroit où Christophe Colomb a posé la première fois le pied en Amérique. Allez voir le film Robinson Crusoé avec Pierre Richard, il a été tourné à Baracoa.
Demander à Boca de Miel : Rodolfo Rodriguez Delgado il fabrique et vend des « dulces ». Sans être un « paladar » par manque de place ( uniquement 4 couverts ), c’est sa femme qui nous a préparé le meilleur repas que l’on ait mangé à Cuba pour 5$ US par personne. Le poisson scie à la sauce coco accompagné d’une salade de tomates et d’une autre de fruits tropicaux délicieux plus évidemment le chocolat et « cucuruchu » fait maison, le tout arrosé de pur jus de fruit maracuja ( fruits de la passion ). Les parts sont pour de gros appétits. L’avertir à l’avance si on veut manger chez lui.
Pour visiter Baracoa et Boca de Miel demander à Rodolfo de vous présenter Ignacio. Bien qu’ayant été simplement assistant lors du tournage du film, c’est lui le véritable Robinson Crusoé.
Nous avons trouvé Baracoa bien plus beau que Puerto Vallarta au Mexique ayant pourtant une renommée modiale.
J’ai beaucoup hésité avant d’écrire cette partie car si beaucoup de touristes y vont que deviendra Baracoa dans quelques années ?

SANTIAGO
Et après avoir vu Baracoa Santiago semble … quelconque. Oui c’est la capitale culturelle de Cuba mais il y vraiment trop de « jineteros » en centre ville. Le « casco » est très petit et les maisons beaucoup moins belles que celles de la Havane.

CONSEILS PRATIQUES
Pour ne pas se perdre lorsqu’on a loué une voiture, prendre les gens qui font du stop à la sortie de la ville. Primo, cela leur rend service car le manque de transports en commun est patent par manque d’essence ( merci l’embargo US ) et eux connaissent le chemin. Certains vous proposeront de vous payer le trajet en Pesos, soyez sympas, refusez poliment. De plus vous pourrez discuter avec les Cubains dans un environnement « protégé » des oreilles indiscrètes.
Peu de vols à Cuba mais ce n’est pas une raison pour les tenter. Vous pouvez vous promener sans problèmes la nuit. Evitez quand même les rues non éclairées.
Les Cubains sont des gens dignes. Ne faites pas l’aumône, faites un « regalo » ou mieux, à la campagne ( principalement dans la « Sierra Maestra » faites du troc. Une savonnette contre une mangue cueillie à point, vous êtes deux à gagner au change.

NIVEAU DE VIE
Pour nous qui avons visité nombre de pays sud-américains, Cuba m’a semblé s’en tirer plutôt bien économiquement malgré l’embargo des Etats Unis depuis 40 ans et l’arrêt de l’aide des pays ex-communistes. Ce qui m’a marqué le plus ce sont : Le niveau culturel de la population ( la scolarité est obligatoire et gratuite ). Les soins de santé gratuits pour les Cubains. L’absence de pauvres ( très peu de gens font la manche, sauf à Santiago ). Bien entendu si on compare Cuba par rapport aux Etats Unis ou à l’Europe on peut les considérer comme pauvres mais par rapport au Pérou, Bolivie, Mexique sans parler de Haïti, c’est correct. Le plus gros problème c’est la double économie qui s’est instaurée. Celle du Peso cubain et celle du Dollar. Les Cubains qui n’ont que des Pesos n’ont accès qu’aux magasins presque vides et au rationnement, ceux qui ont des Dollars peuvent aller dans les boutiques bien achalandées. C’est donc la course au Dollar avec toutes les astuces possibles pour en obtenir pour les Cubains n’ayant pas accès à l’économie touristique. Ne vous étonnez donc pas d’être fréquemment sollicités et laissez vous « escroquer » un petit peu de temps en temps, ils en ont réellement besoin pour obtenir des denrées rares ou alors faites du troc. Pour ce faire amener de France principalement des savonnettes et produits pour l’hygiène corporelle. Les Cubains sont très propres. Cette double économie amène des frustrations au niveau de la population pour ceux qui n’ont comme ressource que leur salaire en Pesos ( salaire moyen autour de 15 $ US par mois ), principalement les professeurs, ingénieurs et autres personnes payées par l’administration.

RACISME
Je n’ai vu aucun signe de racisme. La population est constituée de 60% de blancs, 22% de métis, 16% de noirs et 2% divers dont 600 Taïnos. De toute manières les blancs sont tellement bronzés qu’on les prend pour des métis et le métis pour des noirs. Un nouveau recensement aura lieu dans les prochains mois, ces pourcentages vont probablement être modifiés.

MUSIQUE
Cuba est le pays de la musique. Il y en a partout et de la bonne. Les musiciens vendent leurs CD directement à 10 ou 12 $ US. Les enregistrements sont plutôt bons, n’hésitez donc pas trop à en acquérir, cela leur permet le fameux accès au Dollar et reviendrez avec des CD de musiciens inconnus en Europe ( Idée : Achetez vos cadeaux de Noël en avance ). Vous entendrez principalement du Son ou du Boléro Son dite « musica tradicional ». Le genre a été trouvé par le « Trio Matamoros » dans les années 30. De la musique de la « Trova » qui vient du nom troubadours et qui existait avant le Son. Un peu de Cha cha cha, de Merengue, de Boléro pur, de Salsa ( qui n’est absolument pas qualifiée de danse Afro Cubaine par les Cubains mais comme un mélange de Son et Latin Jazz ) et un peu de musique que les Cubains qualifient de Afro Cubaine, jouée principalement lors des carnavals et comprenant uniquement des percussions.
Petit détail qui m’était inconnu : La flûte, très présente dans la musique cubaine, a été amenée par les Français.

DANSE
L’apprentissage de la danse se fait à l’école dès l’âge d’environ 6 ou 7 ans dont le fameux roulé des hanches ( vu a la télé ). Ne vous étonnez donc pas que les Cubains dansent comme des dieux, ils ont plus de 10 ans d’avance sur vous.
Les Cubains qui ont appris la salsa la dansent comme à Paris ou NY ( vu lors de démonstrations TV ou à Trinidad ). La grande majorité dansent du Boléro ( je les cite ). Ce n’est pas le Boléro de salon tel qu’il est enseigné en France, je le qualifierai de Boléro cubain. Les passes sont par contre celles de la salsa avec pas mal de enchuflas, enchuflas en cita, setenta et setenta complicada. A Baracoa, notre principale expérience dansante, les Cubains dansent aussi bien la salsa, le son, le Cha cha, le Boléro de la même manière.
Non on est pas allés en discothèque car l’entrée est souvent en Dollars donc on a préféré aller plutôt dans les bars plus accessibles aux Cubains.
Dans les « Casa de la Trova » on va écouter la musique, il est rare que l’on y danse.

Tout ceci est tiré de ce que j’ai vu ou entendu sur place. Ce n’est donc qu’un avis personnel et ne reflète pas forcement l’avis de spécialistes ayant fait une étude systématique sur un des sujets abordés.

Article écrit par José Maria (09/2002)

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