Interview avec El Maestro de Salsa Rock Paris

Question 1 : Depuis quand enseignez vous la Salsa et Pourquoi ?

El Maestro : J’ enseigne la salsa depuis 4 ans : j’ aime en premier la richesse de la musique et l’ approche chorégraphique de cette danse : j’ en connais la plupart des influences et styles.

Question 2 : Que pensez vous de l’ avenir de la Salsa ?

El Maestro : L’ avenir de la Salsa sera celui du Swing : le boom est derrière nous. Ce sera une danse comme les autres : Beaucoup de gens qui dansent le Rock à un niveau avancé ne sont pas prêts à s’ investir dans la Salsa car principalement cela implique un investissement humain et financier pour avoir le même niveau où ils prennent déjà plaisir en pratiquant.
D’ autre part, le Rock est moins enseigné actuellement dans les grandes structures (Gymnases, Ecoles) d’ où cette impression que la salsa est plus importante mais j’ espère que le Swing reprendra son rôle car son côté bon enfant convient bien au public européen.

Question 3 : Que pensez vous du niveau Salsa à Paris ?

El Maestro : Le niveau Parisien est tout à fait acceptable par rapport aux Etats unis : en plus, nous avons la maîtrise du style cubain : ce qui est un avantage par rapport aux Etats unis. La chorégraphie de base salsa ou Mambo standard est aligné avec les danseurs américains. L’ aspect « styling » connaît quelques lacunes mais cela n’ est pas vraiment primordial pour danser, bouger et s’ amuser : La majorité des élèves veulent savoir placer les pas au lieu de jouer au « sensuel théâtral ».
Concernant l’ enseignement, cela laisse à désirer car la plupart des professeurs sont plutôt des animateurs sans aucune imagination ou créativité : ils forment des clones qui font la même chose : cela vient du fait que la majorité des animateurs croient qu’ en copiant une figure suffit pour donner un cours de Salsa . On ne s’ improvise pas professeur comme cela et ce sera toujours un des gros problèmes de la Salsa.

Question 4 : Est ce une critique envers vos confrères ?

El Maestro : Non, c’ est un fait ! Parfois, il faut dire les choses telles qu’ elles sont : Dans le milieu Salsa, on aime jouer aux stars, épater la galerie et jouer aux profs et aux gigolos … Certains élèves se mettent à vouloir enseigner la salsa avec 6 mois de danse dans les « pattes » : c’ est une aberration mais cela existe malheureusement : il n’ y a aucun respect vis à vis de la clientèle ni envers le métier de la danse. Malheureusement, les clients ne connaissant rien à la danse : ils sont naïfs et tombent dans le piège de dépenser une année de leur temps avec des charlots. Il faut dire aussi que le côté marketing est abusif et mensonger en salsa … La salsa est une très belle danse mais comme son nom l’ indique c’ est une sauce qui peut s’ avérer très amère à avaler avec le marketing abusif.
Beaucoup de profs enseignants la salsa aujourd’ hui doivent s’ arrêter car ils sont loin de pouvoir transmettre cela et en plus ils portent tort au milieu de la Salsa : la plupart le font pour garder leur clientèle et parfois, ils n’ ont même pas pratiqué cette danse ! Un professeur de danse qui se respecte se doit d’ avoir 5 à 10 ans d’ expérience de danseur avant de se lancer dans l’ enseignement !

Question 5 : Est ce qu’ il faut être un cubain pour enseigner ?

El Maestro : La plupart des professeurs cubains bougent bien mais ils ont du mal à transmettre leurs connaissances, souvent à cause de la langue ! Leur façon de danser qui peut paraître simple à danser comportent plusieurs couches de complexité : Ces danseurs non formés pédagogiquement et techniquement ne peuvent pas expliquer ce qu’ ils font gracieusement du fait de leur immersion naturelle dans leur musique. La salsa cubaine est lié intimement à la musique et c’ est une des danses les plus difficiles à transmettre avec son style corporel. Il est possible de montrer une « Setenta complicado » mais montrer cette figure avec style est une autre histoire !? Tous les cubains ne dansent pas la salsa mais ils ont le rythme : il m’ est arrivé de donner des cours de salsa cubaine à des cubains ….

Question 6 : Quelle salsa vous préférez danser ?

El Maestro : Je peux danser toutes les salsa mais quand je veux m’ amuser je danserai la salsa cubaine plus naturellement mélangé à des chorégraphies personnelles. Beaucoup d’ élèves ont du mal à construire une chorégraphie en Mambo : c’ est une salsa plus étudié et monotone, tandis qu’ en salsa cubaine, le résultat de progresser et s’ amuser est plus rapide.

Question 7 : Danser sur le « 2 », est ce utile ?

El Maestro : Il faudrait consulter les articles sur mon site http://www.salsarock.com Cette notion, vient des danses de salon : En somme, on peut danser la salsa sur le 1 ou 2 ou 3 ou 4 mais le temps fort en musique est le 1. Certains jeux de jambes complexes demandent des repères donc parfois il est plus facile d’ orienter les élèves sur le « 2 » car le temps « 2 » est plus audible par rapport au temps « 1 ». A Paris, cette notion est utilisé purement pour le marketing – 90% de la planète danse sur le « 1 » : Danser sur le « 1 » ou sur le « 2 » ne changent ni les pas ni la chorégraphie …

Lara D. (04/2003)

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